Très vaste sujet que l'évolution de la mode au XIXe tant ce siècle a vu défiler de formes particulières, souvent associées à des
périodes de l'histoire du pays. Le costume régional provençal s'est lui aussi inspiré de cette profusion de formes tout en gardant ses caractères propres : les coiffes, jupons
piqués et tissus d'indienne.
Des gravures de modes étaient déjà diffusées en province et les femmes s'en inspiraient pour confectionner leurs toilettes ou pour les faire
réaliser par des couturières locales. Les Provençales s'inspiraient de la "mode de Paris" qu'elle pouvaient aussi voir lors de voyages à la capitale pour les classes
bourgeoises.
Une
visite au Musée A. et F. Demard, Château de Champlitte (Haute-Saône) et le catalogue de la très belle
exposition (jusqu'au 12 décembre 2010) de tenues XIXe, me permettra d'illustrer la petite chronologie du costume qui suit...
- Au XVIIIe siècle, les formes du costume se stabilisent après une évolution lente. A Paris, on porte la robe "à la française" en trois parties. On
note déjà une forte présence des indiennes en Provence. Les spécificités des costumes régionaux apparaissent au début du XIXe.
- Périodes Directoire (1795-1799), Consulat (1799-1804) et Empire (1804-1814) : Les robes à taille haute ont peu d'ampleur et sont en mousseline
légère. L'usage des indiennes pour leur confection est fréquente. Le fichu, omniprésent dans le costume provençal, voit sa pointe monter haut dans le dos du fait de la hauteur de la taille des
robes et des caracos. Les bijoux en corail, notamment à Marseille, sont très en vogue. L'ampleur des jupes va être repoussée à l'arrière pour former une petite traîne.
- Périodes Charles X (1824-1830), Louis-Philippe (1830-1845) : La taille jusqu'ici sous la poitrine redescend progressivement ainsi que la pointe
du fichu dans le dos. Les jupes retrouvent de l'ampleur et on entre dans la période romantique. Les manches aussi prennent du volume pour devenir "gigot". Tout, d'ailleurs, dans le costume, prend
de l'ampleur. Pour preuve, la fameuse coiffe à la frégate de Marseille vers 1830.
Coiffe "frégate" et manches "gigot".
Prémices de la mode des vastes crinolines.
Avec l'ampleur retrouvée des jupes et robes, les "pantalons" font leur apparition pour des questions de confort... et de pudeur !
- Période Napoléon III (1848-1852) et 2nd Empire : L'ampleur des jupes atteint son apogée avec la mode des crinolines. Les provençales multiplient
les jupons amidonés et les jupons piqués sous les robes pour leur donner cette ampleur. Les manches "pagode" font leur apparition, elles sont agrémentées d' "engageantes" en dentelles. Les
indiennes sont encore présentes dans les tenues. Les coiffes perdent de leur spécificité est deviennent parfois de simples bonnets montés agrémentés de dentelle.
Robe d'été à crinoline en mousseline, 1866.
Manches pagodes.
- 1855 : Appartion de la machine à coudre. Elle se répendra rapidement en France jusque dans les campagnes et jouera un rôle important dans
l'évolution de la mode.
- Fin du 2nd Empire (1870) : Les crinolines laissent la place aux tournures, plus "pratiquables", qui mettent en avant la cambrure de la
silhouette. L'ampleur des robes et jupes est repoussée sur l'arrière. A cette occasion, les femmes taillent en mantelets leurs châles en cachemire dont l'ampleur reposait autrefois sur la
crinoline.
Châle cachemire taillé en manteau. Plis cannon au niveau des reins pour accentuer la cambrure donnée par la tournure.
Robe en trois pièces, 1876.
Ensemble de lingerie (chemise, jupon de dessous, corset, coussin "faux-cul", jupon de dessus). Par-dessus, il était d'usage de porter un cache-corset.
Les corsets portés sous les costumes provençaux sont des corsets souples en piqué blanc non baleinés.
Robe,
1889.
- Fin XIXe, 1900 : On observe un abandon du costume régional, sauf encore dans les campagnes et pour certaines corporations. La facilité des
échanges grâce au chemin de fer a uniformisé les tenues dans toute la France. Les "grands magasins" diffusent largement leurs modèles à travers tout le pays (à lire à ce sujet "Au bonheur des
dames, d'E. Zola qui retrace bien cette nouvelle tendance). Le costume régional est ses spécificités sera définitivement abandonné entre deux guerres.
Robe de
1898.
Tout ceci est bien sûr à nuancer à l'infini
selon des lieux et leurs spécificités parfois très locales. Le costume de l'Arlésienne échappe également en partie à ces données. Les campagnes les plus reculées sont aussi touchées à retardement
par des différents mouvements de la mode.