La lessive, avant l'appartition de la machine à laver, était une des principales tâches de la vie quotidienne des femmes.
"Lavandières", J.-F. Millet.
Nommée poétiquement "lavandière", "bugadière" en Provence, "buandière" ou tout simplement blanchisseuse, elle lavait le linge des personnes pouvant s'offrir ses services.
Pour le gros linge (chemises de lin et chanvre, draps), une grande lessive se faisait deux fois par an, au primtemps et à l'automne après les travaux d'été.
Ramatuelle (Var), décor mural au fond du lavoir.
La lavandière, transportant son linge dans une brouette, procédait à un premier décrassage à la rivière ou au lavoir. Le linge était ensuite mis à boullir. Le lendemain, la bugadière brossait et battait le linge au savon sur la pierre du lavoir ou sur une planche en bois rainurée. Elle se plaçait alors dans sa caisse ganrie de paille.
Cette tâche exténuante, uniquement féminine, était extrêmement pénible. La condition sociale de ces femmes du peuple était souvent difficile : l'eau froide gercait leurs mains, l'eau bouillante les brûlaient. Elles devaint aussi souvent garder leurs enfants tout en travaillant.
Une blanchiseuse et son enfant, H. Daumier, peintre des petites gens et des injustices
sociales.
Ces femmes ont longtemps nourri un folklore, des légendes (notamment en Bretagne) et des traditions particulières. L'iconographie sur le sujet abonde sous forme de cartes postales, tableaux ou encore en littérature. Mais, très souvent de manière idéalisée, les représentant dans des cadres romantiques comme dans les deux taleaux suivants.
Tableau de F. Boucher (détail).
"Cascades de Tivoli" J.-H. Fragonard.
La lavandière est aussi reconnue pour avoir la langue bien pendue : elle est souvent colporteuse de ragots et n'hésite pas parfois à en venir aux mains (à lire, le fameux "crêpage de chignon" au lavoir dans le roman "Gervaise" d' Emile Zola).
Un adage prétend que la lavandière a deux battoirs : un pour laver le linge et un second, sa langue, qui déblatère contre les autres !
Elles travaillaient les jupes relevées et enlevaient parfois leurs manches de chemise pour ne pas être gênées. Elles les nouaient alors par devant au-dessus de leur poitrine.Lavandières arlésiennes de Paul Gauguin.
Les blanchisseries ont pris la relève de cette activité, et la généralisation de l'eau courante dans les habitations, puis la généralisation de l'emploi des machines à laver, ont définitivement fait disparaître ce métier pénible au milieu du xxe siècle. La Mère Denis, Jeanne Marie Le Calvé de son vrai nom, était, dans les années 1970, une des dernières lavandières authentiques ayant exercé en France.
Blanchisseuse de J.-B. Chardin.
Un lavoir dans le
Jura...
Une fois le linge lavé, il faut l'étendre...
Pour ce qui est des conditions difficiles, voici selon moi la grande gagnante...
La "bugade" version Finlande !!!
Sources : "Folklores, Traditions et Coutumes de France", S. Pacaud, ed. CPE.