Tartarin de Tarascon est un personnage de roman créé par Alphonse Daudet en 1872. L'auteur y décrit les aventures burlesques de
Tartarin, « chef des chasseurs de casquettes de Tarascon », allé chasser le lion en Algérie...
Tartarin a un caractère naïf et crédule, et se fera souvent berner par divers personnages peu scrupuleux, tout au long de son voyage.
Mais, laissons Daudet lui-même décrire son héros :
"...de quarante à quarante-cinq ans, petit, gros, trapu, rougeaud, en bras de chemise, avec des caleçons de flanelle, une forte barbe courte et des yeux flamboyants
; d'une main il tenait un livre, de l'autre il brandissait une énorme pipe à couvercle de fer, et, tout en lisant je ne sais quel formidable récit de chasseurs de chevelures, il faisait, en
avançant sa lèvre inférieure, une moue terrible, qui donnait à sa brave figure de petit rentier tarasconnais ce même caractère de férocité bonasse qui régnait dans toute la maison.
Cet homme, c'était Tartarin, Tartarin de Tarascon, l'intrépide, le grand, l'incomparable Tartarin de Tarascon."
Tartarin, illustré par le célèbre dessinateur Dubout.
Ce personnage et son histoire
furent inspirée à Daudet par son cousin Henri Reynaud, qui lui racontait ses voyages en Afrique, ainsi que par la vie de Jules Gérard, un varois, chasseur de lions en Algérie.
Personnage haut en couleurs, Tartarin se fait remarquer dans les
salons des notables de la ville en racontant, avec sa "tchatche" toute provençale, des chasses aux lions... imaginaires.
Enfant, il rêvait déjà d'expéditions, lisait des livres de voyages et était passionné de chasse. Bavard, vantard et croyant à ses mensonges, il se fait une réputation de grand chasseur dans toute
la ville. Dans les collines entourant Tarascon, le gibier se faisant rare, Tartarin décida de s'attaquer à un gibier digne de lui : le lion ! Poussé par les bourgeois de la ville à partir pour
une chasse au lion bien réelle, le héros prend le départ pour l'Afrique où il vécut de périlleuses (et peu glorieuses) aventures : son tableau de chasse se résumera à un lion… vieux, aveugle et
apprivoisé !
Berné, meurtri et atteint au pus profond de sa dignité, Tartarin parviendra pourtant à revenir de son périple africain à Tarascon. Racontant des exploits
extraordinaires qu'il n'avait pas vécu et, une dernière méprise aidant, il finira par être porté en triomphe et adulé
par la population.
Cette caricature du
tempérament fanfaron méridional par Daudet fut mal acceptée par les provençaux lors de la parution du roman. Elle a pourtant rendu célèbre la ville. Finalement, Tartarin devint familier
des Tarasconnais, qui, sans rancune, lui ont fait une place au sein du défilé de la Tarasque (photo du site de la ville de Tarascon).
Description du jardin de Tartarin dans le roman de Daudet :
" ô le jardin de Tartarin, il n'y en avait pas deux comme celui-là en Europe. Pas un arbre du pays, pas une fleur de France ; rien que des
plantes exotiques, des gommiers, des calebassiers, des cotonniers, des cocotiers, des manguiers, des bananiers, des palmiers, un baobab, des nopals, des cactus, des figuiers de Barbarie, à se
croire en pleine Afrique centrale, à dix mille lieues de Tarascon.
Tout cela, bien entendu, n'était pas de grandeur naturelle ; ainsi les cocotiers n'étaient guère plus gros que des betteraves, et le baobab (arbre géant, arbor gigantea) tenait à l'aise dans un
pot de réséda ; mais c'est égal ! pour Tarascon, c'était déjà bien joli, et les personnes de la ville, admises le dimanche à l'honneur de contempler le baobab de Tartarin, s'en retournaient
pleines d'admiration... »
- Plusieurs
films furent tirés de ce roman: le tout premier est un court métrage de Georges Méliès, en 1908 !
- Un petit musée, l’Espace Tartarin, lui est même dédié : installé à Tarascon, dans le cloître des Cordeliers, y sont présentées des reconstitutions de scènes du roman.
Personnage universel, nous avons tout autour de nous des "Tartarin". Et parfois, reconnaissons-le aussi, n'avons nous pas un peu de Tartarin en nous !!!